Pourquoi vouloir quitter l’Europe ? Cette Europe qui nous a vu naître et grandir… Thibault Lefeuvre, 20 ans, fait le choix de partir du vieux continent pour prendre la mer et découvrir ces cités dont il a tant rêvé. Dans son premier ouvrage « Education tropicale », il livre ici un récit émouvant sur son voyage (intérieur).
« Qu’aurais-je fait en Europe de toute façon ?» C’est sur ces mots que Thibault Lefeuvre débute son récit. A tout juste 20 ans, en première année à Polytechnique, il embarque sur un bateau de la marine. Direction la corne de l’Afrique. Yémen, Somalie, Djibouti… cinq mois en mer qu’il raconte sous la forme d’un récit de voyage. Sous les chaleurs du continent noir, il dresse – à travers les yeux des marins – le portrait de l’Afrique, ce continent tant admiré et décrié de notre société.
A quai, il s’aventure dans les ruelles… Misère, violence, saleté, il découvre une Afrique dont on ne parle que trop peu souvent dans les livres. Bercé par des rêves d’enfants, il entame la découverte du continent et pulvérise les clichés. « Car j’en reviens convaincu d’être parti les idées fausses et de ne plus avoir d’idées ». Une écriture qui nous immerge dans les chaleurs de l’Afrique. Dépaysement garanti, à travers les yeux d’un jeune matelot faisant face tant à la beauté qu’à la cruauté de notre monde.
Déambulation tropicale
Mais ce qu’il a connu, c’est aussi la solitude… Brut et émouvant, l’auteur n’hésite pas à prendre la plume pour nous faire part de son mal de mer. « Je préfère qu’ils restent bien au chaud, auprès de moi, mes petits mots qui me servent à dire combien on étouffe ici, et combien cela empeste ». Et en mer, chacun doit trouver à s’occuper.
Entre errance et attentes au port, l’équipage – engagé dans la mission européenne de défense ATALANTA visant à lutter contre l’insécurité dans le golfe d’Aden et l’océan indien – finira par capturer un bateau de pirates somaliens. A son bord ? Des ressortissants indiens. « Mais cela n’arrêtera pas l’hydre de la piraterie. Rien de cela n’empêchera la Corne de l’Afrique de mourir de faim dans l’indifférence du monde ». Une arrestation brutale qui nous amènera à réfléchir… Est-il nécessaire de procéder à des arrestations sans avoir même pu définir leurs mobiles ? Ne faudrait-il pas tuer le mal à la racine ?
On dit souvent que la lecture est une autre forme de voyage. « […] voici donc ce livre pour figer des sentiments que je refuse de voir mourir. J’ai raconté des aubes qui me sont restées, des soleils qui traînent encore dans mon esprit car je ne veux rien perdre de cette lumière qui m’accueillit ». Bercé par le bruit des vagues, on se laisse entraîner par ce récit de voyage, se forçant même à partir (nous aussi) à l’aventure. Une formidable épopée qu’on ne peut plus lâcher.